A l’écoute de cette exclamation plus que superlative (du moins à mes yeux), je suis restée …dubitative, ne sachant que répondre, vaguement gauche, le sourire incertain et des interrogations plein la tête… Une artiste … Mais qu’est ce qu’un artiste? Comment se prévaloir d »en être un? Les études Beaux-Arts? Je n’ai pas fait les Beaux Arts ! La muse, ma muse, une muse? Je n’en ai pas… Le coup de pinceau? L’imagination? le regard? la perception de ce qui nous entoure? Auquel cas chacun de nous peut s’attribuer ce titre, ô combien multifacette, d’artiste !!! Qu’est ce qui me distingue ou me rapproche d’un artiste? C’est compliqué comme notion ! Suis-je une artiste? Cela peut relever d’une espèce de mégalomanie, si l’affirmation est catégorique et sans équivoque, comme cela peut présager d’une certaine naïveté ou ignorance du jargon et des pratiques de ceux qui s’en prévalent, si la négative se fait trop pressante.
Si le fait d’être un artiste se limite à la dimension économique de la production artistique, c’est tout de même un peu réducteur, bien qu’il semble évident, dans l’époque dans laquelle nous évoluons aujourd’hui, qu’un artiste sans business card, malheureusement, ne pourra se satisfaire que de son propre regard. Fort heureusement, les aspirations diffèrent et les finalités également.
Donc suis-je une artiste? Quelle prétention que de l’affirmer, et de m’en prévaloir ! Par contre, suis-je peintre? Oui. J’ai la liberté de peindre, et de peindre ce que je veux, faisant fi des méthodes, des proportions, de l’héritage des grandes écoles d’arts que je n’ai pas pu côtoyer, et donc je ne peux qu’imaginer. Ma peinture reste libre, sans attaches, sans filet, et c’est certainement ce qui me lie à elle. Entre ma peinture et moi, c’est une relation intime, de sororité, je la respecte comme elle me respecte. Parfois elle me malmène et me trouble, mais dans tous les cas, nous évoluons ensemble, main dans la main, nous apprenons ensemble. Ma peinture est une entité propre, elle existe en moi, comme elle évolue à mes côtés. Lorsque je suis en immersion, elle guide mes gestes, elle possession de mon esprit et de ma main. Ainsi, j’évolue en Kairos, et le temps vulgaire n’a plus d’emprise sur moi, comme je n’ai plus d’emprise sur mon environnement. C’est un état euphorique, et lorsque les choses s’apaisent et que la réalité revient peu à peu, je regarde ma toile et je la découvre.
Alors suis-je une artiste?
Je suis peintre de mon art, celui qui m’a accepté, celui que je découvre petit à petit. Le reste n’est que sémantique…
